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Cours d'Economie, Sociologie et Histoire du monde contemporain – CPGE ECE Camille Vernet (Valence)

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Cours d'Economie, Sociologie et Histoire du monde contemporain – CPGE ECE Camille Vernet (Valence)

Archives Mensuelles: juin 2015

Réforme du marché du travail et emplois dans Le Monde du 30 juin 2015

30 mardi Juin 2015

Posted by Nicolas Danglade in 2. Le chômage : évolution et analyses, 3. Les politiques structurelles, Articles en vrac

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Précarité : la voie du plein-emploi ?

Sécurité de l’emploi ou précarité croissante du travail ? Avec la crise, les pays sont confrontés à un vrai débat de fond sur les réformes à mener pour résorber le chômage, entre une protection accrue des travailleurs et un assouplissement des contrats pour favoriser les embauches
Et si le travail était la solution ? « , interrogent cette année les Rencontres économiques d’Aix, qui se dérouleront du 3 au 5 juillet. Le travail à tout prix ? Dit autrement, vaut-il mieux être un travailleur pauvre ou un chômeur pauvre ? Un travailleur précaire, incertain sur son lendemain, ou un chômeur certain de ne jamais revenir dans l’emploi protégé ?

Des questions qui ont inspiré toutes les réformes du marché du travail depuis quinze ans en Europe : en Allemagne dès le début des années 2000, en Irlande et au Royaume-Uni, où l’on a laissé les  » contrats zéro heure  » se développer. Mais aussi dans des pays où les règles ont toujours été très protectrices des salariés, comme l’Espagne, le Portugal et l’Italie. La France, elle, n’a  » pas choisi de développer les recrutements précaires et les très bas salaires « , dit Véronique Deprez Boudier, chef du département travail et emploi chez France Stratégie.  » On a cherché à privilégier la qualité et la quantité de travail pour qu’un maximum de personnes occupe des emplois de qualité. L’objectif était d’assurer un niveau de revenus plus homogène. Est-ce que le prix à payer est d’avoir plus de 10 % de chômage ?  »

Devant l’échec de la stratégie française, tandis que l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Autriche sont revenus au plein-emploi, la question ne peut plus être éludée : la précarité au travail est-elle la nouvelle voie du plein-emploi ? Outre-Rhin, l’assouplissement du recours aux CDD, intérim et autres contrats courts de toute nature a été au cœur des réformes Hartz de 2002 à 2005, qui ont créé les  » mini-jobs  » à 450 euros sans cotisations et sans couverture sociale, les  » midijobs  » à 800 euros, avec cotisations allégées et couverture sociale, et même les  » ein euro jobs « , réservés aux chômeurs touchant une indemnité pour les travaux d’intérêt public.

Une nouvelle dynamique
Comme le résume la note  » Trésor éco  » consacrée aux réformes Hartz : avec 2,5 millions d’emplois créés entre 2004 et 2012, l’Allemagne a vu son chômage divisé par deux et son taux d’emploi atteindre 73,3 % en 2013 quand la France est à 64 %.  » A court terme, ces réformes ont un impact positif sur l’emploi parce qu’elles font revenir sur le marché du travail des personnes qui s’en étaient retirées « , explique Andrea Bassanini, économiste à l’OCDE.

Augmenter le taux d’emploi fut aussi l’objectif de la politique de l’emploi menée au Royaume-Uni depuis les années 1990, et plus encore depuis la crise, comme l’explique Stephen Wyber, conseiller social à l’ambassade du Royaume-Uni à Paris :  » L’objectif a été d’enrichir la croissance en emplois en augmentant le taux d’emploi et ce, quelles que soient la qualité et la qualification de ces emplois.  » Cette hausse a, en effet, surtout profité à des personnes peu ou moyennement qualifiées, qui se sont retrouvées dans des emplois à temps partiel ou en indépendant. En Allemagne, c’est près de 8 millions de personnes qui occupent un mini-job à 450 euros par mois, parfois en second emploi ou en complément d’autres revenus. Le pari de ces politiques est que le retour à l’emploi permet à celui qui est sorti du marché du travail d’entrer dans une nouvelle dynamique, comme le résume Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes :  » Il faut accepter d’entrer dans un emploi à des conditions moindres, car cela permet de se former. Et au bout de quelque temps, la rémunération tend à rejoindre la productivité réelle de l’employé.  »

Mais au bout de combien de temps ? Dit autrement, ces emplois précaires et peu payés sont-ils des tremplins vers des emplois stables et de qualité ? Ce serait le cas si les employeurs étaient prêts à abandonner les avantages de ces statuts. En Allemagne, relève le récent rapport Pisani-Enderlein, les faibles cotisations salariales sur les mini-jobs ont surtout incité les employeurs à y maintenir leurs employés, car à partir de 800 euros, le taux des cotisations sociales double.  » Selon les conclusions de la Fondation allemande pour la recherche sociale, relève Marc Ferracci, économiste au Crest et membre du Cercle des économistes, les mini-jobs ne sont une passerelle vers des CDI à temps plein que pour moins de 10 % de leurs titulaires.  »

En fait, note Hélène Garner chez France Stratégie, en Allemagne,  » on ne sort pas des mini-jobs. En France aussi, on voit bien que la transition entre un emploi précaire et un emploi stable est à la fois rare et de plus en plus longue « . Selon les enquêtes Emploi de l’Insee, pas plus de 18,4 % des titulaires d’un contrat temporaire en 2011 occupaient un CDI en 2012. En 2007, ce chiffre atteignait 24 %. Le fameux tremplin serait-il devenu une trappe à précarité ? Or l’installation dans ces statuts pose plusieurs problèmes. Marc Ferracci :  » La précarité est multidimensionnelle, et porte à la fois sur la situation présente et à venir.  » C’est, entre autres, être condamné à toucher un salaire très bas, en raison des exonérations de charges qui leur sont attachées. C’est avoir moins de droits à l’indemnisation contre le chômage, moins d’accès à la formation professionnelle. La précarité, ce n’est donc pas seulement un contrat court : c’est un phénomène cumulatif, un engrenage.

C’est également un problème pour les systèmes d’assurance-chômage ensuite.  » La surutilisation des CDD, qui représentent 84 % des embauches, génère des périodes de chômage automatiques entre deux contrats, dit Stéphane Carcillo, économiste à l’OCDE. Pour les employeurs, c’est un moyen de transférer sur l’assurance-chômage, donc sur les autres, le coût de leur flexibilité.  »

Emplois courts et peu qualifiés
Enfin, à long terme, les effets sur l’économie de l’explosion de ces emplois courts et peu qualifiés sont ambivalents : ils rendent certes l’économie ultra-flexible et permettent de mieux traverser les périodes de crise. Mais dans le même temps, ils orientent durablement l’économie vers cette sous-qualification de l’emploi. A l’échelle de l’entreprise, une société qui n’emploie que des CDD n’investit pas dans la formation et ne construit pas de vraie spécialisation.

A l’échelle d’un pays, cela peut commencer à poser problème, comme aujourd’hui au Royaume-Uni, où la hausse du travail précaire et peu qualifié pèse déjà sur les gains de productivité du pays.  » La productivité a tellement ralenti que les salaires réels n’ont pas augmenté comme ils auraient dû le faire dans une situation de plein-emploi « , note l’Insee dans sa dernière Note de conjoncture.

Et ce d’autant que le sous-emploi a lui aussi augmenté. Depuis la crise, selon Inflation Report de mai 2015 de la Bank of England, le nombre d’heures travaillées par salarié est nettement inférieur au nombre d’heures désirées par ces derniers.  » Aujourd’hui, reconnaît Stephen Wyber à l’ambassade du Royaume-Uni, le défi pour les cinq prochaines années est d’élever la qualification de la population pour accélérer les gains de productivité et la qualité des emplois.  »

Les Allemands ont bien compris le risque et n’ont pas précarisé tout l’emploi :  » Seuls les CDD et l’intérim ont été flexibilisés à l’extrême, note Eric Heyer, économiste à l’OFCE. On a précarisé les précaires, mais les CDI allemands restent plus protecteurs que les CDI français. L’Allemagne a voulu préserver ses emplois qualifiés dans l’industrie, où le CDI est la forme dominante du contrat de travail, et lui permettre d’abaisser ses autres coûts, en particulier dans les services, en concentrant la flexibilité sur les emplois temporaires et peu qualifiés.  »

C’est pourquoi les politiques de précarisation du travail à outrance, qui limitent la casse en période de crise, ne peuvent être que transitoires. Ces derniers mois, on a vu réapparaître des verrous dans les pays qui avaient ouvert en grand les vannes du travail atypique. Depuis le début de l’année, l’Allemagne a un smic universel à 8,50 euros. Et les Pays-Bas, qui ont durci la possibilité de recourir aux contrats courts, ont limité à six mois le  » travail sur appel « , autre nom du  » contrat zéro heure « .

 » Réforme du CDI « 
L’époque du tout-précaire est déjà passée. En revanche, l’assouplissement des CDI a un effet de long terme plus bénéfique sur la croissance. Même si, dans un tout premier temps, il contribue à détruire plus d’emplois, le rebond des embauches ne venant qu’après coup. Un mécanisme particulièrement net dans les périodes de reprise économique, comme aujourd’hui.  » Dans l’accélération du cycle économique, explique Andréa Bassanini de l’OCDE, la réforme du CDI et l’assouplissement du droit du licenciement accroissent la richesse en emplois de la reprise, en particulier en emplois de qualité, car ils poussent les entreprises à prendre des risques.  » Et d’ajouter :  » Cette réforme a pour effet d’accroître la productivité et, partant, la croissance.  »

L’effet de la réforme du CDI, que le gouvernement français n’a pas voulu envisager, est d’autant plus bénéfique qu’en favorisant le passage du CDD au CDI elle contribue à casser le dualisme du marché du travail entre ultra-protégés et ultra-précaires. C’est ce qu’a voulu faire l’Italie, avec son  » Jobs Act  » de 2014, qui a abaissé le coût du licenciement des CDI, tout en assouplissant le recours au CDD.  » L’idée est de recréer de la continuité entre les deux en répartissant le risque économique de la fin d’un contrat entre les CDI et les CDD « , explique Marc Ferracci.

C’était précisément l’inspiration du contrat unique proposé, dès 2003, par les économistes Olivier Blanchard et Jean Tirole. Sécuriser le coût des licenciements en créant un barème d’indemnisation aux prud’hommes est une manière d’y aller, mais à petits pas. Ainsi, précariser le travail n’apparaît plus comme une voie durable vers le plein-emploi.

Car même en Allemagne ou au Royaume-Uni, les clés du plein-emploi étaient ailleurs : les Allemands ont bénéficié de la croissance soutenue en Europe au début des années 2000 et le Royaume- Uni a pu dévaluer sa monnaie pour soutenir la sienne.

Le réseau allemand des économistes du travail, IZA, a démontré que c’était surtout l’amélioration du service de l’emploi, en particulier le fait d’avoir doublé le temps d’encadrement des chômeurs, qui avait accru fortement les chances d’un chômeur de retrouver un emploi. Au Royaume-Uni, ce sont les  » job centers « , où ont été regroupées la formation, l’orientation et les prestations aux chômeurs, qui ont été déterminants.

En fait, à long terme, c’est la sécurisation qui marche : celle du chômeur qui se voit pris en main jusqu’au bout. Celle de l’employeur qui sait où il va quand il prend un risque sur quelqu’un. Mais il y a des manières très différentes d’y arriver, comme l’explique Eric Heyer :  » Soit à la scandinave, en accordant une indemnisation du chômage généreuse et un encadrement efficace de retour à l’emploi. Soit à l’américaine, où le gouvernement assure une croissance économique de 3 % l’an qui garantit au chômeur de trouver rapidement un emploi. Cette priorité absolue à la croissance est au cœur du contrat social américain : l’environnement du travail est précaire, mais chacun sait que l’Etat fera tout ce qui est en son pouvoir pour éviter les périodes de récession longues.  »

Valérie Segond

Crise grecque et effet de contagion dans le Monde du 30 juin 2015

30 mardi Juin 2015

Posted by Nicolas Danglade in 2. L'Europe économique et monétaire, Articles en vrac

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Des risques de contagion limités mais bien réels

En cas de faillite de la Grèce, les banques, les PME et les épargnants pourraient être les plus touchés
Certains y voient un  » Lehman Brothers  » en puissance, l’étincelle qui mettra le feu aux marchés financiers, à l’euro et au projet européen tout entier. La possible banqueroute de la Grèce a beau être un scénario préparé depuis des années, elle intrigue, inquiète et terrifie. Jamais un pays de la zone euro n’avait encore été  » lâché  » par ses partenaires.

 » Objectivement, il y a peu de risque de contagion « , assure Patrick Artus, économiste de la banque Natixis. De fait, la plupart des banques européennes se sont débarrassées des titres de dette grecque qu’elles détenaient, notamment après la restructuration de la créance du pays en 2012.

La faillite de la Grèce, dont la dette dépasse désormais 320 milliards d’euros, affecterait donc essentiellement les Etats européens, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE).  » Mais il y a toujours des mouvements irrationnels sur les marchés. On ne peut exclure que “M. Mushimori », gérant à Tokyo, ait la trouille lundi matin « , reconnaît M. Artus.

Cette peur, si elle se traduit en panique, pourrait faire de la faillite grecque une maladie contagieuse se propageant à toute l’Europe et au-delà. La première courroie de transmission, ce sont les banques, poumon de l’économie. La mécanique infernale de l’angoisse a déjà commencé à Athènes, obligeant le pays à imposer dimanche 28 juin un contrôle des capitaux et une limitation des retraits pour éviter que l’argent ne sorte des banques et du pays. Les files d’attente devant des guichets fermés s’allongent. Les épargnants sont pris au piège.

Ces Grecs ont des raisons de s’affoler. En cas de faillite de l’Etat, les banques hellènes, qui détiennent 30 milliards d’euros de créances grecques, auraient un genou à terre. Déjà fragilisés par la fuite des capitaux depuis plusieurs semaines, les établissements pourraient ne pas se remettre d’une telle  » paume « . Or, certaines de ces banques détiennent des filiales dans des pays étrangers, comme en Roumanie, à Chypre ou en Bulgarie.

Va-t-on observer ces mêmes files d’attente devant les guichets à Bucarest, à Nicosie, à Sofia ? Faudra-t-il imposer un contrôle des capitaux pour éviter que les filiales ne soient elles aussi asséchées ? Ce scénario pourrait-il mettre en danger ces pays ?

Traque du  » maillon faible « 
La faillite de la Grèce, événement inédit en zone euro, ne manquerait pas, aussi, d’affoler les acheteurs de titres de dettes souveraines. La traque du prochain  » maillon faible  » de l’union monétaire, un Etat fragile et endetté susceptible d’être abandonné à son sort, pourrait alors reprendre. S’agira-t-il du Portugal, tout juste sorti d’un plan d’aide ? De l’Espagne, en pleine réinvention de son modèle économique ? De l’Italie et de sa dette à plus de 2 000 milliards d’euros ? Tout pays  » suspect  » pourrait voir ses taux d’intérêt monter en flèche.

Lundi matin, les tensions se faisaient déjà sentir sur le marché des dettes souveraines. Pour un Etat déjà en délicate posture, la sanction des marchés peut faire plonger l’économie en récession : le financement du déficit se renchérit, le coût du crédit pour les particuliers et les entreprises s’envole et toute l’économie se grippe.

Il reste enfin ce que l’économiste Philippe Dessertine, professeur à l’Institut d’administration des entreprises de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, décrit comme  » des petits caillots à même de remonter jusqu’au cœur « . Des PME menacées par une possible faillite de la Grèce. De fait, si la plupart des grandes multinationales ont quitté le sol grec, il reste des petites entreprises investies à Athènes ou en affaires avec un entrepreneur grec qui devront vite renoncer à voir leurs factures honorées après le drame économique et social que vivra la Grèce.

Chiffres en main, M. Artus assure que tout cela n’a pas de quoi affoler le reste de l’Europe. Les exportations de la Grèce précise-t-il, représentent 0,3 % des exportations de la zone euro. Et la dette extérieure du pays (hors dette d’Etat) ne dépasserait pas les 100 milliards d’euros. Un chiffre élevé dans l’absolu mais  » gérable « , selon lui.

De plus, au fil des ans, les Etats de la zone euro se sont dotés d’un arsenal destiné à jouer les pare-feu en cas de nouvelle crise. Pour contrer les attaques spéculatives sur les titres de dette souveraine, la Banque centrale européenne pourrait ainsi dégainer l’OMT (opérations monétaires sur titre), un dispositif l’autorisant à racheter de la dette d’un Etat lorsque celui-ci est mis en danger.

Il faut pour cela que le pays fasse appel à l’aide de l’Europe, mais rien n’empêche la BCE d’inonder le marché de liquidités et de racheter des titres souverains par le biais d’une opération dite de  » quantitative easing  » ou  » QE « . Assez pour calmer la fièvre des investisseurs et faire retomber le niveau des taux d’intérêt. Mario Draghi, président de la BCE, a déjà averti les spéculateurs qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour sauver l’euro.

Quant aux banques, la panique des épargnants doit être endiguée par une garantie universelle des dépôts prévue dans le cadre de l’union bancaire, à hauteur de 100 000 euros.

Impossible, pourtant, d’aborder l’idée de la banqueroute grecque avec sérénité.  » Ces solutions sont faites pour ne jamais avoir à s’en servir « , commente M. Dessertine, qui se souvient que, lors de la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, on pensait aussi,  » avoir tout prévu « .

Claire Gatinois

 » Lundi noir  » sur les marchés
Au lendemain de l’échec patent des négociations entre la Grèce et ses créanciers, faisant planer le risque d’un défaut d’Athènes et de sa sortie de l’euro, un  » lundi noir  » se profilait sur les marchés financiers, le 29 juin. En Asie d’abord, où les Bourses de Shanghaï et Tokyo affichaient vers 9 heures, heure de Paris, des chutes de l’ordre de 3 %. En Europe ensuite, où les places de Paris, Londres et Francfort dégringolaient de 4,7 %, 2,2 % et 3,9 % à l’ouverture. Le désordre régnait aussi sur le marché des devises. Plus inquiétant, l’angoisse des investisseurs se reflétait sur le marché des dettes souveraines où les taux d’emprunt à dix ans de l’Espagne, de l’Italie ou du Portugal remontaient en flèche, comme aux pires moments de la crise de la zone euro, tandis que les taux des emprunts français et allemands, érigés en valeur refuge, reculaient.

Les chiffres
320 milliards d’euros

Montant total de la dette publique grecque, soit 180 % de son produit intérieur brut.

30 milliards d’euros

Estimation de la part de dette grecque détenue par les banques d’Athènes.

1,6 milliard d’euros

Montant que la Grèce doit rembourser au Fonds monétaire international le 30 juin, faute de quoi le pays sera déclaré en défaut de paiement.

Les prêts à la Grèce dans le Monde du 30 juin 2015 (faire le point sur)

30 mardi Juin 2015

Posted by Nicolas Danglade in 2. L'Europe économique et monétaire, Articles en vrac

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260 milliards d’euros de prêts depuis 2010

La France détient, à elle seule, 11,4 milliards d’euros de prêts directs à la Grèce
Depuis 2010 et le début de la crise de la dette grecque, les créanciers publics d’Athènes ont mis plus de 260 milliards d’euros sur la table. Sur cette somme, l’immense majorité provient des autres pays de la zone euro, qui ont fourni près de 230 milliards. Le solde provient du Fonds monétaire international (FMI).

Ce financement s’est découpé en deux plans d’aide. Le premier a été décidé dans l’urgence le 2 mai 2010. 110 milliards d’euros (dont 80 milliards d’euros issus de pays de la zone euro) ont permis à la Grèce de financer son déficit, qui avait été largement sous-estimé dans les statistiques officielles. Après l’annonce de ces trucages, à l’automne 2009, les taux d’intérêt demandés par les banques à la Grèce avaient bondi, empêchant Athènes de se financer sur les marchés. En parallèle de ce plan d’aide, l’Union européenne a mis en place le 9 mai 2010 un Fonds européen de stabilité financière (FESF) de 750 milliards d’euros, qui doit permettre d’éviter que la crise de la dette grecque se propage à d’autres pays.

Rassurer les marchés
Le fonds doit rassurer les marchés en garantissant le financement de leur dette. Le premier plan d’aide à la Grèce devait courir jusqu’à mai 2013. Il s’est accompagné d’une sévère cure d’austérité pour le pays, les créanciers exigeant une réduction drastique des dépenses publiques, surveillée en permanence par les représentants de la fameuse  » Troïka « .

Mais, dès 2011, les créanciers constatent que le premier plan d’aide ne suffira peut-être pas, la Grèce étant incapable de retourner financer sa dette sur les marchés. Le 12 mars 2012, la zone euro et le FMI s’entendent pour lancer un deuxième plan d’aide, pour un montant de 130 milliards d’euros. En comptant les ajustements en cours de route, ce sont même 164,5 milliards d’euros (dont 144,7 milliards d’euros issus des fonds européens) qui auront été dépensés sur toute la durée de ce programme, censé venir à son terme fin 2014. C’est le déblocage de l’ultime tranche – 7,2 milliards d’euros – de ce plan qui est à l’origine du blocage actuel.

Alors que le premier programme était financé par des prêts bilatéraux entre Etats, cette fois-ci c’est le FESF qui prend le relais. Celui-ci est devenu entre-temps le Mécanisme européen de stabilité (MES), mais il est toujours financé par les pays de la zone euro. En parallèle, la dette de la Grèce est restructurée, les créanciers privés subissant une décote de 50 % de leurs titres. Près de 200 milliards d’euros de dette grecque sont effacés et un nouveau programme de réduction des dépenses publiques est imposé à Athènes.

Au total, la dette hellène atteignait fin 2014 près de 320 milliards d’euros. Sur cette somme, 144 milliards d’euros étaient dus au FESF, 53 milliards d’euros aux Etats européens et 27 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE), soit en tout 224 milliards d’euros directement ou indirectement dus aux Européens. La France, elle, détient 11,4 milliards d’euros de prêts directs à la Grèce et est engagée à hauteur de 32 milliards d’euros via le FESF.

Cette dette est toutefois génératrice d’intérêt. La France a par exemple perçu 700 millions d’euros d’intérêts entre 2010 et 2013 de la part de la Grèce. Ce calcul ne prend pas en compte le coût du financement de l’argent que la France a dû emprunter pour le prêter aux Grecs. Les intérêts de la dette grecque ont par ailleurs été plusieurs fois réduits pour soutenir le pays et les Etats ont même décidé que la BCE reverserait à la Grèce les intérêts qu’elle perçoit.

Les intérêts du MES ont, eux, été suspendus pendant dix ans.

Tous ces  » coûts  » sont cependant théoriques, étant donné qu’il s’agit de prêts et non de dons. Si la Grèce finit par rembourser les Etats et le MES à temps, la Grèce n’aura pas coûté grand-chose aux Européens. En revanche, si le pays est obligé de sortir de la zone euro, les Etats devront sans doute renoncer à une partie de leurs créances et ils afficheront alors des pertes sèches. Même en cas de maintien, il semble peu probable que la Grèce puisse retourner dans les prochains mois sur les marchés. La question d’une restructuration de la dette – et donc d’une perte pour les Etats de la zone euro – se posera alors inévitablement.

Jean-Baptiste Chastand

Pascal Lamy dénonce le rôle du FMI
Pascal Lamy, l’ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce de 2005 à 2013, a regretté que l’Union européenne ait associé le Fonds monétaire international (FMI) aux négociations avec la Grèce.  » J’ai toujours pensé que c’était une erreur « , a dit celui qui fut le directeur de cabinet de Jacques Delors à la Commission européenne (1985-1994), dimanche 28 juin sur TV5 Monde dans  » Internationales « , dont Le Monde et RFI sont partenaires.  » Le problème de la Grèce n’est pas un problème de dette. Le pays est à plat et il faut le reconstruire « , a déclaré M.Lamy. Il enjoint au Conseil européen de  » ne pas regarder cette affaire sous un angle financier ou budgétaire, qui est l’affaire des techniciens « .

La crise grecque dans Le Monde du 30 juin 2015

30 mardi Juin 2015

Posted by Nicolas Danglade in 2. L'Europe économique et monétaire, Articles en vrac

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 » Cette crise est un test cardinal pour l’union monétaire « 

Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, estime que l’Eurogroupe s’est montré  » trop rigide  » avec le gouvernement grec
Pour Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, organe de réflexion rattaché à Matignon, le risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro comme celui d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne mettent en péril l’intégration communautaire.

Les négociations entre Athènes et ses créanciers sont au point mort. L’Eurogroupe s’est-il montré trop ferme avec la Grèce ?

Je dirais plutôt qu’il s’est montré trop rigide. Il a commis deux erreurs. La première est d’avoir voulu séparer les négociations sur l’adaptation du plan d’assistance en cours à d’éventuelles futures discussions sur l’allégement de la dette.

On a perdu des mois à négocier sans parler de l’éléphant qui était dans la pièce d’à côté. Ce n’était pas tenable, puisque la question de la dette est une priorité pour Athènes Par ailleurs, les discussions se sont encore une fois concentrées sur l’ajustement budgétaire, et ont moins porté sur les enjeux économiques comme la lutte contre les rentes, pourtant essentielle. Le gouvernement grec, qui a toute sa part de responsabilité dans cette affaire, et l’Eurogroupe ont échoué alors qu’un recalibrage intelligent du programme aurait permis d’y intégrer les nouvelles priorités politiques.

Même si l’on en ignore encore l’issue, quelles conséquences la crise grecque peut-elle avoir sur la zone euro ?

Cette crise est un test cardinal pour l’union monétaire. Aujourd’hui, deux grandes visions s’affrontent sur le sujet. Pour certains, notamment en Europe du Nord, la confiance dans la monnaie dépend avant tout du respect des règles communes : si la Grèce les piétine, l’euro est menacé. Il faut donc trancher : comme disent les Allemands, mieux vaut une fin effrayante plutôt qu’un effroi sans fin.

Pour d’autres, notamment en France, une sortie de l’euro minerait la confiance dans la monnaie, puisque celle-ci ne serait plus vue que comme un arrangement réversible. La difficulté est qu’il y a une part de vérité dans chacune de ces deux interprétations.

Quel serait le coût d’une sortie d’Athènes de l’euro pour l’union monétaire ?

Il faut distinguer le choc à court terme sur les marchés financiers, avec le risque de contagion qu’il comporterait, et l’impact plus permanent. A court terme, la zone euro est mieux équipée qu’en 2012 pour faire face, notamment car la Banque centrale européenne (BCE) dispose de l’OMT – le programme des  » opérations monétaires sur titres  » – : elle serait en mesure de racheter massivement et de façon illimitée des titres de dette publique, afin de mettre à l’abri les autres pays qui pourraient être attaqués. Cela ne veut pas dire que ce serait facile. A long terme, le risque serait que le regard que tous les acteurs portent sur la monnaie européenne change. Celle-ci risquerait de n’être plus vue comme une construction politique, mais comme un super-système de taux de change fixe dont on aurait appris, très concrètement, comment il peut être dénoué.

Pour éviter de valider cette dangereuse vision des choses, il serait dès lors indispensable de franchir rapidement un pas ambitieux dans l’intégration, en particulier par un partage plus poussé des risques financiers, ou même un couple eurobonds-veto ex ante sur les budgets nationaux.

Un  » Grexit  » planifié et se déroulant dans le calme ne rendrait-il pas l’euro plus solide ?

C’est une vue de l’esprit. Le chaos est rarement serein.

Quels sont les dysfonctionnements de la monnaie unique mis au jour par cette crise ?

La Grèce a porté à l’extrême tous les errements de la première décennie de l’euro. Les salaires y ont cru plus vite que la productivité, la croissance a été portée par le boom du crédit et l’augmentation des dépenses publiques, tandis que le secteur exportateur, qui n’était déjà pas bien robuste, s’est étiolé.

L’erreur qu’ont commise les partenaires du pays est de ne pas avoir été suffisamment vigilants face à ces développements. La leçon à en tirer, pour les pays candidats est que la monnaie unique offre d’incroyables facilités les premières années, mais peut se transformer en piège si l’économie n’est pas agile.

 » Brexit « ,  » Grexit  » : l’Union européenne et la zone euro ont-elles perdu leur sens et leur attractivité ?

Le cas du Royaume-Uni n’a rien à voir. Les eurosceptiques britanniques se sont saisis du mécontentement populaire, ils ont réussi à lier la question de l’appartenance à l’Union européenne à celle de l’immigration, et ils ont ainsi organisé la convergence du vieil isolationnisme et du nouveau populisme.

Mais il est vrai que l’Union européenne est aujourd’hui confrontée à un sérieux défi. Elle s’est construite sur la promesse d’apporter la paix et la prospérité à ses membres. Elle ne parvient pas à garantir la paix et la sécurité à ses frontières, et le produit intérieur brut par tête de la zone euro ne retrouvera son niveau de 2007 que l’année prochaine. Une stagnation en moyenne pendant près d’une décennie, c’est une situation comparable à celles des années 1930.

Il ne faut pas s’étonner que les citoyens européens soient furieux. Voilà pourquoi, au-delà des débats institutionnels, la première priorité européenne doit être, par-delà le rebond conjoncturel, de retrouver le dynamisme économique et d’organiser le retour d’une croissance saine et bien répartie.

propos recueillis, par Marie Charrel

Déséquilibre de la balance courante et sudden stop (Natixis)

28 dimanche Juin 2015

Posted by Nicolas Danglade in 3. Constitution et fonctionnement du marché mondial des capitaux

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Cette petite recherche de Natixis montre dans quelles circonstances les pays qui sont (toujours) en déficit de la balance courante, et donc qui sont en besoin de financement, peuvent basculer dans une crise de financement lorsque les capitaux cessent de rentrer (situation de sudden stop).

Pays ayant un déficit extérieur chronique : dans quels cas y a-t-il danger ?

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