Un bilan de la globalisation financière par André Cartapanis
Globalisation financière, quel bilan ? (A.Cartapanis)
29 jeudi Mar 2018
29 jeudi Mar 2018
Un bilan de la globalisation financière par André Cartapanis
23 mardi Jan 2018
Un article de Natixis sur le triangle des incompatibilités et la politique de change chinoise. très utile pour répondre à la question de la détermination d’un « bon » taux de change
19 jeudi Oct 2017
Le Monde, du 18 octobre 2017
Un article de Barry Eichengreen, auteur d’un livre très intéressant sur la place du dollar dans le SMI « Un privilège exorbitant » (qui date un peu, paru en 2011)
Sur la question du dollar, cf également le livre d’Aglietta et Couderc « Le dollar et le SMI », éd. la Découverte
Dollar et diplomatie : le » risque Trump » sur le marché des changes
Mark Twain n’a jamais dit : » Les rumeurs faisant état de ma mort sont très exagérées. « Mais cette citation apocryphe est trop délicieuse pour s’éteindre. Et ce qu’elle nous dit est on ne peut plus pertinent lorsqu’on débat du rôle international du dollar.
Les experts ont prononcé les derniers sacrements de la domination mondiale du dollar depuis les années 1960, soit depuis plus d’un demi-siècle. C’est ce que montre le nombre d’occurrences de l’expression » chute du dollar » dans toutes les publications de langue anglaise cataloguées par Google.
La fréquence de cette mention, rapportée au nombre de pages publiées par an, a d’abord connu une forte hausse en 1969, à la suite de l’effondrement du Pool de l’or créé en 1961 par huit banques centrales pour soutenir une valeur fixe du dollar en or, face à la spéculation de Londres. L’usage de l’expression a connu une hausse vertigineuse dans les années 1970, après l’effondrement du système de Bretton Woods dont le dollar était le pivot, et de la forte inflation qui a accompagné les présidences de Richard Nixon (1969-1974), Gerald Ford (1974-1977) et Jimmy Carter (1977-1981). Mais même ce pic a été éclipsé par l’augmentation des mentions à partir de 2001, après les attaques terroristes du 11-Septembre, l’explosion du déficit commercial américain, puis la crise -financière de 2008.
Un attrait constant
Pourtant, durant toute cette période, le rôle international du dollar s’est maintenu. Sa part dans les réserves en devises étrangères des banques centrales et des gouvernements du monde entier n’a guère bougé à la suite de ces événements. Il reste la monnaie dominante négociée sur les marchés des changes et pour le négoce international du pétrole. A la consternation de nombreux traders, la valeur du dollar fluctue considérablement, comme l’a encore montré sa hausse, sa chute puis sa reprise au cours de l’année écoulée. Mais cela ne contribue guère à réduire l’attrait du dollar sur les marchés internationaux. Les banques centrales détiennent toujours des bons du Trésor américain, car ce marché est le marché financier le plus liquide du monde. Le gouvernement fédéral américain n’a pas eu d’arriérés sur sa dette depuis la désastreuse guerre anglo-américaine de 1812.
En fait, les liens diplomatiques et militaires américains encouragent les alliés de l’Amérique à détenir des dollars. On notera que les Etats possesseurs d’armes nucléaires détiennent moins de dollars que les pays qui dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité. Etre militairement allié à un pays émetteur d’une monnaie de réserve renforce la part des réserves de change libellées dans cette monnaie d’environ 30 %. Ces données montrent aussi que cette part peut chuter sensiblement en l’absence de cet effet…
Le lien souvent sous-estimé par les économistes entre les alliances géopolitiques et le choix d’une monnaie internationale reflète une combinaison de facteurs. Les gouvernements ont raison de se montrer confiants dans le fait que le pays à monnaie de réserve va accorder une haute priorité au remboursement de la dette détenue par ses alliés. En retour, ces alliés, en tenant leurs engagements, peuvent contribuer à faire diminuer les coûts d’emprunt de l’émetteur.
C’est donc ici que se situe la véritable menace pour la domination internationale du dollar – et pas dans un nouvel imbroglio sur le plafond de la dette fédérale en décembre prochain !
Comme le déclare sous le couvert de l’anonymat un fonctionnaire américain du département d’Etat, le président Donald Trump » ne semble pas se soucier des alliances et donc ne se soucie pas de la diplomatie « . Or, on estime que la Corée du Sud et le Japon détiennent environ 80 % de leurs réserves de change en dollars. On peut imaginer que le comportement financier de ces pays et d’autres évoluerait de manière spectaculaire, avec des conséquences néfastes pour le taux de change du dollar américain et pour les coûts d’emprunt, si leurs alliances militaires avec les Etats-Unis venaient à se dégrader.
Le président Trump a besoin d’une concession de la Corée du Nord sur la question nucléaire pour sauver la face devant sa base, sans parler de la communauté internationale. Malgré toute la rhétorique agressive et l’hypocrisie de Trump, la seule possibilité d’obtenir une telle concession est d’utiliser la négociation. Ironiquement, l’issue la plus plausible de ce processus est un régime d’inspections qui n’est pas sans rappeler celui négocié par l’administration Obama avec l’Iran…
Pour y arriver, l’administration Trump devra proposer en retour une réduction des niveaux des troupes américaines dans la péninsule coréenne et en Asie. La garantie de sécurité américaine pour l’Asie va s’affaiblir, ce qui fournira à la Chine une occasion de s’immiscer dans cette brèche géopolitique. Et si la Chine prend l’avantage sur le plan géopolitique, sa monnaie, le renminbi, risque fort de suivre le même chemin.
par Barry Eichengreen
11 lundi Sep 2017
Un article utile pour réviser le cours sur les déterminants du taux de change.
03 lundi Avr 2017
Le gouvernement cherche à stabiliser le cours de sa monnaie
Près de dix ans après le choc financier qui a mis son économie à genoux, l’Islande a bel et bien tourné la page de la crise. Désormais, les observateurs de l’île volcanique sont plutôt préoccupés par les risques de surchauffe, qui se multiplient depuis quelques mois. Tout comme le gouvernement. De fait, ce dernier songe à arrimer la couronne islandaise à une autre devise, comme la livre sterling ou plus probablement l’euro, afin d’en freiner la hausse et de stabiliser son cours. » Le statu quo est-il intenable ? Oui, tout le monde est d’accord sur ce point « , a déclaré, samedi 1er avril, Benedikt Johannesson, le ministre des finances islandais, au Financial Times, le quotidien financier britannique. » Nous aimerions stabiliser la monnaie. Ce n’est pas très bon quand une devise fluctue de 10 %, comme au cours des deux derniers mois « , a ajouté le ministre, qui a pris ses fonctions en janvier.
La couronne islandaise a même grimpé de plus de 15 % face aux principales devises depuis début 2016. En cause : l’insolente santé de l’économie, qui a crû de 7,2 % l’an dernier, le plus fort rythme enregistré dans l’Organisation de coopération et de développement économiques. Au quatrième trimestre 2016, le produit intérieur brut (PIB) a même bondi de 11 %. » Ce boom est essentiellement alimenté par celui du tourisme, qui augmente la demande de couronnes et en fait monter le cours « , explique Stephen Brown, spécialiste du pays chez Capital Economics. » L’an dernier, la consommation privée a progressé de 6,9 %, la -consommation publique de 1,5 % et l’investissement de 22,7 %, particulièrement dans l’immobilier (+ 33,7 %), où il s’agit de construire suffisamment de chambres pour loger les touristes « , ajoute Michel Sallé, docteur en sciences poli-tiques et spécialiste de l’Islande, dans une note sur le sujet. En outre, le taux de chômage est -désormais inférieur à 3 %, contre 9,3 % en 2010.
Le 13 mars, ces bons indicateurs ont convaincu le gouvernement de lever le contrôle des capitaux. Celui-ci avait été instauré en 2008 afin de stopper la chute de la couronne, laminée par la fuite des capitaux à la suite de l’effondrement des trois plus grandes banques du pays. Hypertrophiées, ces dernières pesaient près de dix fois le PIB… Après la forte dévaluation de la monnaie islandaise, l’inflation flamba jusqu’à 12,4 % en 2008, tandis que le PIB reculait de 11 % en deux ans.
Ces derniers mois, alors que l’économie va mieux, le contrôle des capitaux était devenu une barrière au commerce et aux échanges avec l’extérieur. Mais sa levée ne suffit pas à faire taire les inquiétudes de ceux redoutant que l’île et ses 330 000 habitants renouent avec les excès d’avant la crise. Signe des temps, quatre fonds spéculatifs, dont l’un associé à Goldman Sachs, ont racheté en mars un tiers d’Arion Banki, la banque héritière de l’un des trois établissements qui fit faillite en 2008. Un temps mises au ban de la finance internationale, les banques de l’île attirent de nouveau les convoitises.
Risques de surchauffe
Il est vrai que, du fait de sa petite taille, l’économie islandaise est coutumière des accélérations et coups de freins brutaux. Longtemps, cette instabilité fut liée aux cycles de la pêche, qui reste l’une des activités majeures du pays. Mais le souvenir de 2008 est encore douloureux pour nombre de ménages : beaucoup avaient contracté des emprunts immobiliers indexés sur l’inflation, et ont vu une partie de leurs économies partir en fumée.
Si le gouvernement minimise les risques de surchauffe, il estime néanmoins que stabiliser la couronne est désormais l’une de ses premières priorités pour les mois à venir. Il pourrait ainsi prendre exemple sur le Danemark, qui a arrimé sa couronne à la monnaie unique : celle-ci ne peut fluctuer que de 2,25 % autour du seuil fixé (les experts parlent de » PEG » pour évoquer ce genre d’arrangement monétaire). L’avantage est considérable pour les entreprises danoises, dont les principaux partenaires se situent dans la zone euro, et en particulier en Allemagne : elles n’ont plus à subir les variations de change. En outre, les cycles économiques du Danemark et de la zone euro sont largement synchronisés.
Si l’euro semble l’option privilégiée, le gouvernement n’exclut pas totalement un » PEG » avec le dollar ou la livre sterling. » La principale chose à prendre en considération est qu’il est important d’établir un “PEG” avec une zone avec laquelle il y a du commerce, a expliqué M. Johannesson, au Financial Times. C’est également déterminant pour le futur, car les échanges avec cette zone augmenteraient encore. » Nombre d’experts islandais doutent néanmoins qu’une décision soit prise avant plusieurs mois.
Le gouvernement prévoit également d’accroître les taxes sur le secteur touristique afin d’en assagir l’expansion : 2,3 millions de -visiteurs sont attendus cette année, soit 30 % de plus qu’en 2016. En 2010, ils étaient moins de 500 000… Selon Capital Eco-nomics, la croissance islandaise devrait néanmoins être plus modérée cette année. Et l’appré-ciation de la couronne islandaise devait se poursuivre quelques mois encore avant de se stabiliser. Voilà qui pourrait inciter la banque centrale d’Islande à baisser un peu son taux directeur, aujourd’hui à 5 %.
Marie Charrel / Le Monde 03/04/2017